Ce qui m’inspire


Un arbre dont la mousse décline tout un camaïeu
De vert, de gris, de jaune et de bleu
Le lichen âgé de plusieurs millénaires
Je l’observe avec mon petit bout d’ADN néandertal en rêvant

Les oiseaux, terrestres, aériens ou aquatiques
Rien n’est plus beau que la liberté d’un oiseau
En voir un seul en cage me rend mélancolique, captif
Pourtant un oiseau ça s’attache rarement

Les noms sur les pierres tombales
Rien de plus romantique
Qu’un vieux cimetière
Sous la pluie

Un lever de soleil
Au matin, la ville endormie
Quand je vois son étendue traversée ma verrière
Que l’aurore allume à la vitesse d’une algue molle

Une nuit étoilée parée d’arbre avec qui jaser
Avant l’ascension d’une montagne
Quand les habitants nocturnes calment ou alertent
Mon imagination sans sommeil

Une soirée au bord du feu, quand il n’y a pas trop d’alcool
Les discussions étincelantes, les communions de bouffe
L’ivresse de la parole
Les sujets vastes que l’âme propage

Mes voisins
Qui me donnent accès à un quotidien familier et pourtant étranger
Les idées non partagées
Cette sorte de proximité à la bonne distance

La complexité des phénomènes de la nature
La passion de ceux qui cherchent à la comprendre
La nature humaine, parfois source d’espoir ou de niaiseries
Et aussi de nostalgie, d’angoisse ou de colère

Une rencontre ou une rupture
Le besoin de dire, de crier, de pleurer
Mobilise ma plume
Canalise mes actes

Les discussions
Jusque tard dans la nuit
Blotti en équilibre précaire
Au-dessus de l’aisselle d’une femme

Le bar, à l’heure du café ou de la bière
Les gens au comptoir ou les passants
Quand on saisit des bribes de paroles accoté à une table en terrasse
Les voisins qui parlent un peu fort de leur vie intime

Les diseux de poèmes
Les auteurs parlant de leur livre
Les débatteux qui défendent des idées
À n’en plus finir

Les raconteurs d’histoires
Parfois quand on tend l’oreille, les bouches se délient
Nous content des récits fabuleux, ou profonds
Un vécu singulier de rencontres humaines
Témoignant de comportements dont on rit
Pour se rassurer qu’on est normal

La mer, qui m’évoque toujours l’amour
La marée n’a pas besoin de dire au revoir quand elle se retire
Elle dit bonjour
En me léchant les orteils

L’hiver quand la ville devient un Cinémascope en noir et blanc
On ne distingue plus les horizontales, la neige aplatit tout’
Seuls les arbres tracent au fusain des verticales, qui chatouillent le ciel
La ville est toute smooth, comme la soie

Atelier Baobab Dans le coeur Sherbrooke, mai 2022

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